Cette exposition rétrospective, réalisée en collaboration avec la famille de l’artiste, espère remettre la lumière sur le travail de cette artiste qui aurait fêté, cette année, son 100ème anniversaire.
Yvette Lichtfus est une dessinatrice et peintre belge, née à Arlon. Sa rencontre avec le peintre anversois Prosper de Wit, “son maître” comme elle l’appellera sa vie durant, dans un refuge lors d’un bombardement en 1940, sonne comme un appel clair à la vocation artistique. Elle débute son enseignement, l’année suivante, à l’Académie de Bruxelles, où, plus que la peinture, elle s'exerce avec talent aux techniques du fusain et de la mine de plomb. Cet apprentissage, bien qu’assuré dans un contexte d’occupation, lui vaut de fréquenter les ateliers d’Henri Van Haelen et plus tard, d’Alfred Bastien, artiste bien connu de Rouge-Cloître. Dans le foisonnement artistique de la Belgique, Yvette Lichtfus trace sa propre voie : celle-ci refuse d’« appartenir » à un mouvement, par crainte, dit-elle, d’y « perdre sa liberté »[1]. Pourtant, son œuvre laisse transparaître une profonde affinité avec la tradition des maîtres de la peinture flamande, et résonne sensiblement avec le post-impressionnisme de son temps. L’art d’Yvette séduit, comme en atteste une médaille d’argent décernée en 1948 au Salon des Artistes Français à Paris pour l’œuvre « La Bonnetière », quelques années seulement après le début de sa formation. Sa production artistique s’étend sur une période remarquable, allant de 1941 à 2012, soit 70 années de création ininterrompue. Tout au long de cette vie consacrée à l’art, elle s’est engagée pour la reconnaissance du statut d’artiste, abordant également dans ses œuvres des thématiques sociales et politiques qui lui étaient essentielles, comme illustre « Hommage aux opprimés », une toile d’un mètre cinquante de haut, peinte en 1986. Les paysages et vues forestières constituent une part importante de son œuvre à laquelle s’ajoutent, plus tard, l’art du portrait et les natures mortes. Crayon, pinceau et pastel se veulent être les témoins d’un héritage impressionniste au service du temps et de l’instant qui passe. Ces outils, elle les emportait avec elle lors de ses balades à Rouge-Cloître, où, d’ailleurs, elle exposa à trois reprises.